40 ans et toujours des ondes positives pour l’association mancelle.
10 mai 1981 Le rideau de fer se lève enfin sur la démocratie des ondes. Dès le visage de Mitterrand apparu sur les écrans de télévision, des centaines de radio émettent enfin librement. Dont Radio Rillettes. Depuis trois ans déjà, deux enseignants de l’Université, Cécile et Philippe Guillerme, Bernard Vétillard et un petit collectif jouaient les pirates pour se déjouer des brouilleurs. « Ils redoublaient de prudence en multipliant les lieux d’émission afin de ne pas être identifiés, rappelle Jean-Yves Breteau, responsable d’antenne de Radio Alpa. Emettre sur la bande FM était un délit. »
10 février 1982 Rillettes devient Alpa (Association locale pour l’audiovisuel). Dans l’auditorium de Jacques Prévert, des jeunes partagent leur musique et libèrent dans un joyeux bazar une parole jusque-là corsetée. La radio devient un secteur d’animation de la MJC en 1983.
Transfuge de Jupiter FM (radio de Saint-Mars d’Outillé) en 1988, Jean-Yves Breteau se souvient :
« C’était un peu l’anarchie. On prenait l’antenne quand on le voulait ! Mais il y avait déjà des gens très sérieux. J’ai fait en sorte de structurer les programmes et d’installer une cohésion au sein de ce collectif déjà très créatif autour de Marc Landry et Luc Perot. »
Fin des années 80 West FM et Radio Maine règnent sur les ondes sarthoises, soutenues par les collectivités locales. « Celles-ci prédisaient notre fin proche. In fine, c’est le contraire qui est arrivé. » Radio Alpa a survécu. Elle a même fait mieux que résister.
1996 En plein boom des émissions de libre antenne pour les jeunes (Lovin’Fun sur Fun Radio, Maurice est ici sur Skyrock), Radio Alpa attire l’attention du Monde grâce à son émission Arcadia, magazine des homosexualités. « A cette époque encore, être homo, c’était se cacher, être moqué… Le suicide d’un étudiant manceau m’a été insupportable. Alors, j’ai créé cette émission avec des bénévoles et des associations locales. » Effet cathartique chez les ados : courriers de confidences, prises de parole, micro-trottoirs pour chasser les idées ankylosées… « Et une trentaine de jeunes assistaient à l’émission. Ils sortaient enfin de leur isolement social. »
2006 Fin avril et début mai 2022, Alpa a célébré ses 40 ans. L’histoire aurait pu pourtant s’arrêter en 2006. Avec 300 000 euros de dettes, la MJC Prévert dépose le bilan.
« Sans les collectivités, on ne s’en serait jamais sorti. Mais il y a eu aussi ces moments de fête avec les adhérents et le soutien indéfectible de nos auditeurs. Ceux de l’émission d’accordéon avaient même interpellé Jean-Claude Boulard. J’en frissonne encore… »
Jean-Yves Breteau
Au fil des ans En ne perdant jamais son ADN de “radio des musiques actuelles et indé” (Superphoënix, l’émission culte de Yves Caillon et Philippe Morin, les Vertiges underground de l’inamovible Delphine Duchemin, La Carotte toujours impeccablement rappée d’Alexandre Cartereau…), Alpa a fini par épouser tous les principes d’une antenne citoyenne mais aussi d’information. A l’image, aujourd’hui, de Radicaux libres (Cyrille Provost), Le Débat ! (Nicolas Bessau), La vie culturelle locale (Robin Hulin) ou On [s]en parle (Jean-Yves Breteau), Alpa reste également un projet d’émancipation pour les jeunes qui veulent percer dans la radio. Vincent Cerutti y a commencé à 14 ans. Demain, ce sera peut-être un étudiant de La Persée de l’histoire… « Un de nos enjeux majeurs : être attractif auprès de la génération addict aux écrans. Faire en sorte que la magie de la voix opère aussi dans le visuel. Certaines émissions, déjà sur Twitch, seront toutes filmées en septembre. »
A 40 ans, Alpa connaît le mode d’emploi pour rester jeune.
Retrouvez les podcasts « 40 ans de Radio Alpa » sur le site de la radio.