ONE SHOT : JOYEUX REQUIEM

L’âme disparue d’Ousmane Sy plane avec joie dans One Shot.

One shot est la dernière création et sans doute la plus puissante du chorégraphe Ousmane Sy, disparu brutalement à l’âge de 45 ans, en décembre 2020. Une crise cardiaque le foudroya quinze jours avant la première à Suresnes.

Sur scène, une troupe 100 % féminine porte son héritage lors d’une heure frénétique où les genres s’entremêlent et se répondent : house, hip-hop, afrobeat (surtout) mais aussi danse contemporaine, flamenco, popping (contraction des muscles en rythme)…

À ses débuts, Babson (son surnom) s’était inspiré de la gestuelle des danseurs des dancefloors de New York et Chicago, lors des eighties. Avant de devenir rapidement la référence internationale de la dance-house, sur laquelle il avait greffé des influences africaines. Le chorégraphe se rendait souvent au Mali, pays de ses parents, réfugiés politiques, et y pratiquait les danses traditionnelles.

Une expression corporelle tournée vers le dépassement de soi

Comme dans Queen Blood, son précédent spectacle, One Shot est aussi un hymne à la sororité. Regards à la fois altiers, rebelles et complices, les danseuses se détachent des clichés de la féminité, les détournant parfois vers une virilité qui n’ôte rien à leur grâce. Rage contenue, leur jeu de jambes est fluide, rapide et allègre, comme celui du footballeur que Sy voulait devenir.

Malgré sa trop courte carrière (cinquième spectacle), Ousmane Sy, qui venait d’être nommé co-directeur du Centre chorégraphique national de Rennes et de la Bretagne (CCNRB), aura eu le temps d’incarner l’esprit voulu par toute une partie de la nouvelle génération, celui d’une expression corporelle tournée vers le dépassement de soi, envers et contre toutes les injonctions.

Le spectacle profite également du talent de DJ Sam One, collaborateur d’Ousmane Sy depuis longtemps. La voix de chanteuses surgit parfois, celles de la Norvégienne Ane Brun, la Sud-Africaine Busiswa Gqulu ou de la reine Nina Simone. La Compagnie Paradox-sal rend le plus beau des hommages au dernier souffle d’Ousmane Sy. Comme un requiem joyeux.