JEAN-LOUIS MURAT : A L’ÉCART DU TROUPEAU


Le poète sentimental et impénétrable est de retour à Allonnes.

« A cause de la popularité de chanteurs minables et ringards comme Johnny Hallyday, c’est comme si on avait cultivé l’abrutissement en étendard national. Pourtant, le jour de sa mort, ce fut un soulagement. Comme un 6 juin 1944 pour la musique. » Angèle ? « Une Chantal Goya 2.0. » Souchon ? « De la chanson démagogique. »

La liste est longue. Voilà pour Murat version pistolero, apôtre du dézingage médiatique et pourfendeur de l’industrie musicale. L’Auvergnat est têtu, indomptable et se fout de son image publique.

« L’ermite du Puy-de-Dôme. Rustique. Authentique »

Depuis quarante ans, ses disciples savent qu’il a dégainé davantage de bonnes chansons que de polémiques. Le revoici d’ailleurs à Allonnes en cow-boy, cette fois apaisé, fantasmant sa vie dans la peau de Buck Jones, héros de western d’une célèbre BD des années 50. Entre Murat (son nom est emprunté à celui du village où il a grandi) et le Sud des États-Unis, la frontière a toujours été ténue. Après Baby Love (2020), album de rupture amoureuse aux sonorités synthé et disco, La vraie vie de Buck Jones (sa 24e galette!) revient en effet à un folk-blues au groove aussi entraînant. S’il fait la part belle aux ballades légères, on retrouve néanmoins des airs enlevés avec Gigi Babba ou le très rock Ma Babe. Perché sur un tabouret, son vieil acolyte Denis Clavaizolle jamais très loin, le tout jeune septuagénaire raconte encore et toujours l’amour, celui qui surgit, celui qui s’en va, avec sa légendaire douce amertume.

Taquin avec le public, parfois misanthrope, souvent déconcertant, Murat sur scène, c’est l’assurance d’une rencontre langoureuse avec la poésie d’un grand auteur français, qui n’a jamais sacrifié la mélodie pour le texte. La preuve avec le Mont-Dore de sa carrière Nu dans la crevasse (1999) et les presque tubesques Le temps qu’il ferait (2004) ou J’ai fréquenté la beauté (2014)… A croire même qu’il est, à sa façon, un monument de la chanson française. Mais ne vous risquez pas à lui faire ce compliment… Descendu de scène, Murat redevient Jean-Louis Bergheaud, l’ermite du Puy-de-Dôme. Rustique, authentique.

Allonnes – Salle Jean-Carmet

DANS L’AGENDA

Mardi 3 mai 2022

JEAN-LOUIS MURAT, La vraie vie de Buck John (folk), 20h30, 15 à 21 €.


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