LA TENDRESSE : PLUTÔT RIMBAUD QUE RAMBO

Julie Bérès sonde l’identité masculine. Ça vous dégenre ?

Comment devient-on homme ? Comment apprend-on à nos jeunes garçons à le devenir ? Par quelles valeurs, quels comportements, quelles influences publicitaires ou injonctions sociétales ? Les jeunes hommes d’aujourd’hui ne sont pas encore les femmes de demain mais, peut-être, aspirent-ils moins aujourd’hui à ressembler aux parfaits mannequins de Gillette ou tout simplement à leur papa ? Parce que le monde du travail a changé, parce que les femmes ont gagné ce qui leur était dû, parce qu’ils sont désormais pères et pas seulement géniteurs. Parce que MeToo ?

C’est du Beauvoir à l’envers, mais voilà autant de questions soulevées par la pièce de Julie Bérès, stimulante et divertissante réflexion chorale mixant chant, danse et théâtre. Une bande du sexe fort débarque avec fougue sur du rappeur Jul : « en bande organisée, personne ne peut nous canaliser. » Mais rapidement, l’un d’entre eux se confie sur ses doutes et ses complexes.

Accompagnée de l’auteur Kevin Keiss et des écrivaines Lisa Guez et Alice Zeniter (le formidable L’art de perdre), Julie Bérès (metteuse en scène de Désobéir qui explorait, elle, l’émancipation féminine) s’est nourrie de nombreux témoignages de jeunes hommes âgés de 20 à 40 ans de différentes strates sociales. On les retrouvera sur scène dans la peau de huit artistes venant de la danse – hip hop ou classique – ou du théâtre. Des portraits qui débordent d’énergie et de tendresse.